L’aire réservée à ce
parc est soigneusement entretenue. Depuis la barrière, en passant par les
bâtiments administratifs jusqu’aux jardins, tout brille d’une propreté
monastique. Ce parc est un bloc planté d’arbres indigènes, d’arbres fruitiers
et de plusieurs espèces d’arbres exceptionnels et rares. Dès l’entrée, le
visiteur est accueilli par une immense étendue de terrain recouverte de gros
arbres au feuillage vert et touffu. Bref, une oasis ! La naissance du projet Le
parc de Martissant s’étale sur environ 17 hectares. Martissant, 8e section
communale de la ville de Port-au-Prince, est situé immédiatement au sud de la
capitale, entre le morne l’Hôpital et le bord de mer. « Au début, on aurait du
mal à croire qu’un parc pouvait être aménagé dans cette zone. L’accès était
difficile. Les infrastructures de base faisaient cruellement défaut. Et le
quartier devenait petit à petit une zone de non-droit », explique Christine
Audain, ingénieur paysagiste, responsable des lieux. Ce fut en juin 2007, par
suite d'une proposition de la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL), qu’un
arrêté présidentiel a déclaré les propriétés Dunham, Leclerc, Pauline et
Mangonès d’utilité publique. Ces quatre propriétés constituent à présent le
parc naturel de Martissant. Une zone tampon englobant les quartiers urbanisés
des alentours est également décrétée zone d’aménagement concerté de Martissant.
Les squatteurs qui avaient envahi l’espace ont été dédommagés et déplacés. En
août de la même année, le gouvernement délègue à la FOKAL la maîtrise d’ouvrage
et la gestion du projet de création du parc de Martissant. Cependant, c’est en
février 2008 que le projet d’implantation d’un parc naturel à Martissant est
officiellement lancé. Plus de 12 quartiers sont alors concernés par les travaux.
Et, les riverains sont aussi impliqués directement à tous les niveaux du
projet. De l’utilité du parc Pas moins de 40 espèces d’arbres différents
peuplent l’espace, lui donnant une allure luxuriante.
Plusieurs
d’entre eux sont centenaires, d’autres sont rarissimes ou même en voie
d’extinction. C’est le cas par exemple du taverneau qu’on ne retrouve presque
plus en Haïti. En plus des arbres traditionnels, des arbres à fleurs et des
arbres fruitiers, le parc naturel de Martissant abrite des espèces endémiques.
Au regard de constat, le parc est considéré comme un véritable réservoir de la
flore d’Haïti. Hormis les arbres, le parc contient plusieurs jardins. Mme
Audain en énumère quelques-uns : un jardin potager, un jardin sauvage et un
jardin d’herbacées. À travers ces espaces, le parc de Martissant met en valeur
la beauté, la valeur nutritionnelle et médicinale des plantes et des arbres qui
le composent. Ceux qui fréquentent ce lieu connaissent l’éclat de ce paysage
vert et sain, mais surtout rempli de plantes curatives. Au parc de Martissant,
on trouve également des plantules. Elles sont cultivées dans un espace séparé
du parc. Plusieurs jardiniers assurent l’entretien de ces pépinières. Ces
plantules feront l’objet d’une double utilisation : d’abord, celles-ci sont
destinées à la vente et ensuite au renforcement de la végétation du parc. La
maintenance est le maître-mot Le parc de Martissant accueille environ 200
visiteurs par jour. Ils sont attirés par simple curiosité ou viennent dans le
cadre d’une activité spécifique. Les intéressés trouvent un espace merveilleux,
soigneusement arrangé qui donne envie d’y habiter. « Mais la beauté des lieux a
été acquise au prix de grands sacrifices », souligne Christine Audain. Elle
explique qu’une équipe de travailleurs s’occupe du site et de l’entretien du
parc quotidiennement depuis un certain temps. « Les tâches à effectuer sont
clairement établies et chacun connaît et accomplit son boulot avec souci et
intérêt », précise fièrement Mme Audin, accolée à un calebassier. « Des
gestionnaires, des formateurs, des gardes champêtres sont impliqués dans ce
processus de maintenance », ajoute l’ingénieur paysagiste. Par ailleurs,
Christine Audain indique que la majorité du personnel du parc est composée
essentiellement d’habitants de Martissant. « L’implication des riverains dans
le projet est le secret de notre réussite. Les gens se sentent chez eux et
savent que le parc leur appartient. Ainsi, ils le protègent automatiquement . »
Un parc naturel dans chaque quartier « Ce serait intéressant de répliquer ce
projet dans d’autres régions du pays », estime Christine Audin. Pour elle,
Haïti a besoin de ce genre de projet. « Il ne nécessite pas beaucoup d’argent,
il suffit d’avoir de la volonté, de la discipline, de la rigueur, et surtout
une bonne politique », souligne l’ingénieur paysagiste. Les habitants de
Martissant sont fiers d’avoir ce joyau dans la zone. Le parc, disent-il, a
changé l’image du quartier en un rien de temps. « La première fois que je suis
venu ici, il y a 6 ans, j’ai dû venir à bord d’un véhicule blindé. Aujourd’hui,
je monte à pied ou encore seule dans ma voiture sans peur aucune », se réjouit
Christine. Le parc est beau à voir et les visiteurs y affluent. Ces derniers ne
tarissent pas d’éloges à l’endroit des initiateurs et de ceux qui travaillent
chaque jour à maintenir ce lieu aussi magnifique. Un visiteur du parc a même
déclaré : « Mon rêve c’est que les populations avoisinantes s’approprient le
parc naturel de Martissant et qu’il fasse désormais partie intégrante de la vie
quotidienne des riverains. Et j’espère qu’à partir de ce qui est réalisé ici,
nous nous ouvrirons à une vision d’une capitale plus salubre, plus belle et
plus attrayante». Enfin, je souhaite que chaque quartier de la zone
métropolitaine de Port-au-Prince puisse avoir son propre parc, aussi bien
entretenu et aussi imposant que celui de Martissant. »
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